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LA POUPÉE SANGLANTE

— Ah ! murmura Jacques, les quatre murs blanchis à la chaux d’une chambre d’auberge !

L’idée qu’on allait leur apporter leur dîner dans cette demeure de fée Carabosse fit faire une telle grimace au prosecteur que Christine finit par avoir pitié.

— Allons donc prendre notre repas à l’auberge, dit-elle à Jacques, puisque cela te fait un si grand plaisir !

Et elle ajouta :

— Sois persuadé que cela ne m’amuse pas plus que toi de rester ici… Cependant je ne quitterai pas Coulteray avant Sangor et tu sais pourquoi !… Avec ces Hindous, il faut s’attendre à tout, dès que la superstition est en jeu !…

— J’ai confiance dans la vertu des bijoux de la marquise ! émit Jacques en se permettant de sourire.

— Que la marquise nous pardonne !…

En descendant, ils eurent l’heureuse surprise de trouver dans la cour Sangor et Sing-Sing qui montaient dans une torpedo en emportant leur petit bagage.

Sangor salua fort dignement, et Sing-Sing, qui était accroché au volant comme un petit singe qui joue avec une roue, fit entendre un piaulement d’adieu et démarra.

Ils disparurent.

Drouine survint.

— C’est fait ! dit-il… Oh ! il n’y a pas eu la moindre difficulté… Il avait apporté un sabre. Il m’en a fait cadeau. Je lui ai donné tous les bijoux. Bon voyage !

Christine poussa un profond soupir… Et elle répéta :

— Que la marquise nous pardonne !