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LA POUPÉE SANGLANTE

mère était servante chez le curé… je servais la messe a sept ans ; je ne crois qu’au catéchisme… L’histoire de « l’empouse », c’est des contes de fées… Tenez ! il y a ici une femme qui n’est pas méchante, mais qui est un peu bavarde, et qui a été durement chassée tantôt par le marquis ; C’est la veuve Gérard ! Eh bien ! dans le temps, la veuve Gérard a peut-être trop raconté cette histoire-là à la marquise, qui, entre nous, n’avait point la tête bien solide… Aussi, moi, je ne l’ai jamais contrariée dans ce qu’elle disait. J’étais le seul à bien vouloir l’écouter quand elle me geignait en cachette, dans la chapelle ou à la sacristie. Moi, je lui disais : « Oui, madame la marquise !… oui, madame la marquise ! » mais je la plaignais !… Un vampire ?… Vous avez jamais vu un vampire, vous ?… Moi, je suis gardien du cimetière depuis quinze ans… eh ben, vampire ou non, je n’ai jamais vu les morts sortir de leur trou une fois qu’on les y avait mis ! Pour cela, il faut attendre le Jugement dernier !…

— Tout ce que dit cet homme est plein de bon sens ! prononça Jacques…

Christine se retourna vers lui dans un mouvement d’hostilité aiguë :

— Il n’empêche que nous avons eu la preuve de l’infamie du marquis, la preuve de son crime ! lui jeta-t-elle… Tout est là, et tu le sais bien, Jacques !… Ton attitude me peine au delà de ce que je pourrais dire.

— Quelle preuve ? demanda Drouine.

— Eh bien ! le trou, le trou dans le mur de sa chambre, elle ne vous en a pas parlé !

— Si ! si !… Elle m’en a parlé et je l’ai vu !… Eh bien ! il ne date pas d’hier, le trou !…

Georges-Marie-Vincent, s’il faut en croire la