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LA POUPÉE SANGLANTE

tout, le pauvre homme devait en avoir assez de toutes ces histoires ! Il n’ignorait pas toutes les stupidités que la Gérard avait colportées, puisqu’il avait été obligé de la mettre à la porte de chez lui !… Et elle avait eu le toupet de se montrer dans un moment pareil !…

Cette exécution terminée, à la satisfaction de tous, le cortège pénétra dans la chapelle… Christine et Jacques eurent toutes les peines du monde à en approcher, et Jacques aurait facilement renoncé à y entrer si Christine, dont l’émotion était à son comble, ne l’avait entraîné par la main avec une force irrésistible.

— Je veux la voir, elle !… je veux la voir !…

De fait, elle ne l’avait pas encore vue, bien que le cercueil fût ouvert. C’est en vain qu’elle avait essayé de percer les premiers rangs, elle avait été repoussée et elle n’avait aperçu que des gerbes de fleurs, dont on avait fait à la morte une couche embaumée…

La chapelle était déjà pleine, quand Christine avisa devant le porche un homme en surplis qui distribuait des coups de sa baguette noire et plate dont les extrémités étaient garnies d’une armature d’argent ; ainsi faisait-il reculer les fidèles trop pressés qui le bousculaient…

Ce ne pouvait être que le sacristain.

« Drouine ! » prononça-t-elle.

Celui-ci se tourna vers elle et l’aperçut qui tenait toujours Jacques par la main… Elle se nomma : Christine Norbert, et présenta son cousin.

— Mon Dieu, soupira Drouine en levant les yeux au ciel, vous arrivez bien tard ! si vous saviez comme elle vous a attendue !…

— Peut-on encore la voir ? demanda Christine.