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LA POUPÉE SANGLANTE

passa devant l’auberge de la Grotte aux fées sans avoir rencontré âme qui vive. On l’eût dit abandonné.

La voiture franchit alors le pont de briques, où vient aboutir la route serpentine qui conduit, sous les ramures d’un boqueteau, au château debout sur le coteau, en face.

Les œuvres du moyen âge et de la Renaissance abondent dans ce pays et en rehaussent partout la beauté… Il n’est pas un voyageur qu’un sentiment d’admiration n’ait arrêté devant les ruines imposantes ou les magnifiques fragments des anciens châteaux du Châtelier, de la Guerche, de Roche-Corbon, de l’Isle-Bouchard, de Montbazon, de Chinon, d’Amboise, de Loches, d’Azay-le-Rideau… Le château de Coulteray ne dépare pas cette collection.

Il n’est pas moins remarquable par son architecture de guerre, ses créneaux, ses mâchicoulis, ses tours, que par les frises et les bas-reliefs si délicatement taillés sur sa façade… La légende affirme que Diane de Poitiers fut pour beaucoup dans les enjolivements de cette redoutable demeure et que Catherine de Médicis travailla à la transformer en un confortable manoir… Au surplus, le moyen âge lui-même paraît gai dans ce charmant pays.

« Il fallait que cette pauvre Bessie-Anne-Elisabeth, née Clavendish, fût bien malade pour ne point guérir ici ! » se disait Jacques.

À la porte de la première enceinte du château, ou plutôt de ce qui restait de la première enceinte (des pierres, des plantes grimpantes et des fleurs), ils descendirent d’auto. Il y avait foule dans « la baille ». Toute la contrée environnante était là. On était venu aux obsèques par curiosité, par superstition… car on est très curieusement supers-