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LA POUPÉE SANGLANTE

XXIII

LE CHÂTEAU DE COULTERAY

Cette joie fut de courte durée. Christine, à qui l’on ne put cacher la nouvelle, voulait partir immédiatement pour Coulteray. Toute langueur, chez elle, avait disparu :

— Si elle est morte par ma faute, disait-elle, si elle est morte parce que je n’ai pas su l’entendre, je la vengerai !… Je lui dois bien ça !… je sens que son ombre ne me pardonnera qu’à cette condition !

Elle était dans une agitation qui ne cessa qu’à la première heure du jour quand elle se vit avec Jacques dans une auto qui devait les déposer à Coulteray à dix heures du matin.

— Il faut que je me calme, disait-elle, car il faut le surprendre, lui, et qu’il ne se doute de rien !

Tout ce qu’avait pu dire Jacques n’avait servi de rien. Elle ne l’écoutait plus. Toute sa pensée était dirigée contre le marquis. Elle ne prononça pas dix mots jusqu’à Coulteray.

En d’autres circonstances, pour des amoureux, ce voyage eût été un enchantement. C’est ce que se disait Jacques, à qui Christine échappait tou-