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LA POUPÉE SANGLANTE

n’ajoute pas : « Je vous défie de me le prouver ! »… Tout cela est du Bénédict Masson tout pur !… En attendant, on n’a retrouvé aucune trace des six autres victimes et pour ce qui est de la septième, il n’a pas tort quand il dit : « Ce n’est pas une raison parce qu’on découpe une femme en morceaux et qu’on la met dans son poêle, pour qu’on l’ait tuée ! »

Ces réflexions, Jacques Cotentin les gardait pour lui. Il n’aimait point les discussions oiseuses. Il savait qu’il ne parviendrait à ébranler aucun esprit au monde sur le fait d’une culpabilité qui « sautait aux yeux ». Surtout il avait grand soin de cacher le fond de sa pensée à Christine, qui, elle, en avait trop vu pour pouvoir admettre une seconde que Bénédict Masson ne fût point un abominable criminel. Sur ces entrefaites, la fille du vieil horloger reçut un court message de Coulteray : « Adieu. Christine… tout est fini ! »

Le drame fabuleux sur lequel elle était tombée à Corbillères, la prostration physique et morale qui s’en était suivie lui avait fait oublier cette autre tragédie non moins sombre, non moins macabre qui se passait dans un autre coin de la France et qui, cependant, avait été la cause déterminante de sa visite à Bénédict Masson.

Jacques Cotentin de son côté, qui avait pu craindre un instant pour la vie ou pour la raison de Christine, n’avait plus pensé à la marquise ni à son appel désespéré.

Enfin, les premières exigences de l’instruction, les pénibles interrogatoires qui laissaient Christine accablée sous le poids du plus affreux souvenir, auraient contribué à rejeter dans l’ombre de leur pensée, si par hasard elle était venue les tourmenter, l’aventure fantomatique au fond de laquelle se débattait cette pauvre lady si pâle, si