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LA POUPÉE SANGLANTE

demandaient s’ils seraient assez forts pour le sauver une deuxième fois du lynchage.

— Ouvrez-leur la porte ! leur disait-il… s’ils veulent me découper, moi aussi, il ne faut pas les contrarier !

Il avait donné l’adresse de Christine pour que l’on prévînt son père.

— La pauvre « demoiselle », ça lui a porté un coup !… Elle ne s’attendait pas à ce qu’elle a vu, bien sûr !… Mais aussi pourquoi est-elle venue ?… Je lui avais tant recommandé de ne pas mettre les pieds dans ce pays !

Tout ce qu’il disait semblait être un aveu de ses forfaits ou tout au moins conduire à cette conclusion qu’il n’y avait aucun doute possible à émettre sur sa culpabilité, et cependant il prononçait souvent ces paroles qui revenaient comme un leitmotiv : « Ben oui !… mais tout cela n’empêche pas que je sois innocent ! »

Se moquait-il des autres ?… Se moquait-il de lui-même ?… Le ton avec lequel il disait cela n’était pas très éloigné de la farce ! Voulait-il se faire passer pour fou ?…

Aux premières questions, ou plutôt à ses premières réponses, le juge d’instruction déclara :

— Nous sommes en face du genre cynique.

Cynique, ça il l’était !… Il semblait prendre un plaisir sadique à l’horreur qu’il inspirait ; et il faisait tout pour la décupler !

Pendant la première nuit, on avait laissé le garde champêtre et l’appariteur au chalet, où ils avaient surveillé le feu sans y toucher, jusqu’à ce qu’il fût éteint… Les magistrats retrouvèrent tout en l’état : les restes d’Anie dans le panier, ses petits os carbonisés dans le poêle… On découvrit cependant des débris dans la cave… C’est là qu’il l’avait « sectionnée ». On retrouva bien d’autres