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LA POUPÉE SANGLANTE

— Veux-tu me conduire chez M. Bénédict Masson ?…

Et elle lui tendait une pièce de quarante sous.

Le gamin sauta sur le pourboire et dit simplement :

— Suivez-moi, j’m’appelle Philippe !

Avant d’aller plus loin, il est peut-être nécessaire, pour l’intelligence de la chose qui va suivre, de jeter un coup d’œil sur ce qui s’est passé ou sur ce qui a pu se passer à Corbillères depuis la scène de l’Arbre Vert qui avait mis aux prises le père Violette et Bénédict Masson… Nous nous rappelons que ce dernier avait menacé le garde de le rendre responsable du départ de sa petite-nièce Anie, si celle-ci s’en allait comme les autres… Là-dessus, la mère Muche avait conseillé la prudence au père Violette, mais celui-ci n’était pas homme à se laisser intimider.

Il ne changea rien à ses habitudes, tournant autour du pavillon habité par le relieur et guettant Anie quand elle allait aux provisions.

Alors il se risquait à montrer sa figure entre les roseaux, mais elle passait son chemin, hâtant le pas, évitant toute conversation avec l’ancien garde, obéissant certainement à la consigne que Bénédict Masson lui imposait…

Cependant le surlendemain, comme il était en train de nettoyer son bachot, devant sa hutte, il vit apparaître la jeune fille qui avait un ait fort effrayé…

— Oh ! monsieur ! soupira-t-elle… Vous n’auriez pas vu, par hasard, ses clefs ?…

— De quoi ? fit l’autre en fronçant les sourcils…

— Ses clefs !… Il les a perdues !… Il les cherche partout ! Il était dans un état à faire frémir !… Je ne l’ai jamais vu comme ça !… Ah ! on