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LA POUPÉE SANGLANTE

saurai s’il m’en laisse le temps !… Non, je ne suis pas folle !… non, je ne suis pas folle ! »

Neuvième lettre. — « Horreur de sa bouche ensanglantée quand elle quitte ma veine inépuisable et qu’il relève son front de démon indien pour me dire : « Je t’aime ! »

Dixième lettre. — « Ainsi aimaient les démons indiens, les Assouras domestiqués par Saïb Khan… les premiers vampires du monde connus !… Non loin de Bénarès, dans une île du Gange, il y a un cimetière plein de leurs victimes sacrées… Le grand vampire européen devait rendre visite à ses ancêtres… et là il a connu Saïb Khan, qui est un médecin très moderne (là-bas, la colonie anglaise raffolait de lui, littéralement), ce qui ne l’empêche pas d’être en communication directe avec les Assouras ; aux Indes, c’était un fait que personne ne mettait en doute et qui faisait du reste sa réputation.

» Moi, j’en riais !

» Je le traitais de charlatan !… Je ne croyais pas aux vampires, dans ce temps-là !… j’avais tort !… j’ai eu le temps de m’instruire depuis et je voudrais bien instruire les autres qui doutent encore !…

» Mais je sens que la preuve va venir !…

» J’ai autant de lucidité qu’un Sherlock Holmes, croyez-moi !… Et il en faut pour une enquête pareille !…

» Mais je veux savoir comment il mord de loin !… »

Onzième lettre. — « Hier, j’ai presque touché la preuve !… la preuve que je ne suis pas folle !… »