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LA POUPÉE SANGLANTE

» Maintenant, je suis plus tranquille… je sens que je vais avoir une nuit tranquille…

» Quelle paix sur la terre !… enfin !… enfin !… Une lune éblouissante apparaît par la brèche du rempart… Un paysage d’argent m’entoure. Je me sens la légèreté d’un ange. J’ai des ailes. Si j’ouvrais la fenêtre, j’imagine que je pourrais me balancer au-dessus des eaux miroitantes de la Loire.

» J’y regarderais une dernière fois mon image terrestre et je filerais vers les étoiles, détachée à jamais des liens de sang qui me rivent à cette terre maudite.

» Mais je n’ouvrirai pas la fenêtre, car c’est trop dangereux.

» La blessure pourrait entrer par la fenêtre !

» Horreur ! Oh ! Horreur ! Je suis blessée !

» Je suis blessée !

» Mais par où est entrée la blessure ? Qui le dira jamais ?

» Pitié, mon Dieu ! »

Sixième lettre. — « Concevez-vous cela ?… Oui ! tout était fermé !… Il me mord maintenant à travers les murs ! … Et vous n’accourez pas ?… »

Septième lettre. — « Je vais vous prouver que je ne suis pas folle !… Aucun livre au monde n’a jamais dit qu’un vampire pouvait mordre à travers les murs !… Et cependant j’ai été mordue !… j’ai cherché !… j’ai cherché partout !… et j’ai fini par découvrir un petit trou, large d’un doigt, dans le mur, en face de mon prie-Dieu !… C’est par ce petit trou-là que le monstre m’a mordue pendant que je faisais ma prière ! »

Huitième lettre. — « Ah ! je veux savoir !… je veux savoir comment il mord à distance !… je le