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LA POUPÉE SANGLANTE

cri de folle ? Toujours de folle !… Mes confidences antérieures ? Imaginations d’un cerveau endolori !

» Tout de même, après une telle scène, il y avait de quoi troubler les plus sceptiques. On a compris cela !… Il n’y avait plus qu’à en finir avec moi, jusqu’à plus soif !…

» Et l’on m’a emportée !…

» Ah ! je savais bien que c’était la fin !… Ce sentiment affreux d’une pareille mort, suivie de je ne sais quoi de plus horrible peut-être encore, m’a fait me traîner une dernière fois jusqu’à vous dans le moment qu’ils pouvaient me croire incapable d’un mouvement !… Christine ! Christine ! Il m’a semblé que, dans cette dernière entrevue-là, l’équilibre trop bien établi de votre esprit calme, trop calme, a chancelé… J’ai vu passer dans vos yeux non seulement cette pitié coutumière que j’y lisais avec désespoir, mais quelque chose de plus, quelque chose que je pourrais peut-être formuler ainsi : « Si, par hasard, la folle avait raison ? » et chez Bénédict Masson j’ai trouvé aussi quelque chose de nouveau !… Eh bien, accourez ! accourez vite si vous ne voulez pas me trouver morte !…

» Je vous disais dans ma dernière lettre que j’avais voulu me sauver au cours du voyage, Oui, j’avais résolu cela !… j’étais décidée à risquer le cabanon, la maison de folles dont on m’a plus d’une fois menacée, plutôt que de continuer cette agonie !… mais eux, ils m’avaient devinée !… Ils devinent tout !… Sangor, Sing-Sing devinent tous les gestes que je vais faire !… Saïb Khan, qui était du voyage, comme vous pensez bien, devine toutes mes pensées !… Et le marquis peut être tranquille : on lui garde bien sa proie !…

» Tout de même, j’ai tenté l’impossible aven-