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LA POUPÉE SANGLANTE

croire à moi-même que je ne suis qu’une malade ! c’est fini cette étape-là !… Je suis prisonnière de l’époux qui me dévore !… Ses lèvres ne me quitteront que lorsque j’aurai rendu le dernier soupir… Le voilà bien tranquille pour boire sans remords le sang pâle que l’ingéniosité diabolique de Saïb Khan parvient encore à faire couler dans mes veines…

» Je ne sais comment je puis encore me traîner !… Ce médecin hindou ressusciterait les morts !…

» Christine, je vais vous dire comment j’ai voulu profiter des forces que, je ne sais par quel sortilège, il m’avait redonnées, pour m’échapper au cours du dernier voyage… mais assez pour aujourd’hui !… assez ! ils viennent !… Je les entends ! Ils rentrent de la promenade et ils viennent prendre des nouvelles de ma santé !… Sing-Sing leur ouvre déjà la porte !… »

Deuxième lettre. — « Ma chère Christine, vous savez comment on m’a fait quitter Paris, à la suite de quelle scène entrevue par vous et Bénédict Masson… On ne comptait pas sur vous, je puis vous l’affirmer… On se croyait seuls à l’hôtel.

» Quand vous êtes accourus à mes cris, quand vous avez pénétré dans cette chambre où j’étais déjà sa proie, me débattant vainement contre sa morsure, sa figure penchée sur moi et qu’envahissait déjà l’ivresse de sa passion du sang, de mon sang… sa figure est devenue terrible… Je me suis dit : « Ils sont perdus ! »

» Mais c’est moi qui étais perdue ! Vous, on vous a laissés là-bas… Vous supprimer, cela pouvait devenir trop grave… beaucoup trop compliqué… Après tout, qu’est-ce que vous aviez vu ? Rien !… Qu’est-ce que vous aviez entendu ?… Un