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LA POUPÉE SANGLANTE

pas me croire, vous qui m’avez vue ?… Pourquoi ne pas accepter mon mourant témoignage ?…

» Ce mot de vampire, quand je le prononçai pour la première fois devant vous, n’évoquait qu’un vague fantôme né de mon imagination malade… et pourtant !… et pourtant !… Il était là ; entre nous, en chair et en os !…

» Christine ! Christine ! cela a existé les vampires !… J’admets qu’ils aient disparu peu à peu de la surface de la terre, poursuivis, traqués jusqu’au fond de leurs funèbres repaires, mais pourquoi ne voudriez-vous pas qu’au moins l’un d’eux ait survécu à cette race maudite ?…

» Quelquefois, les matelots qui reviennent des mers lointaines nous racontent qu’ils ont soudain vu sortir du sein des flots les replis formidables de l’un de ces monstres qui, au témoignage de l’histoire naturelle, peuplaient la mer aux premiers temps du monde… Le serpent de la baie d’Along est peut-être le dernier de cette espèce redoutable comme celui que vous savez est peut-être le dernier vampire vomi par les tombeaux !…

» Son tombeau ! son tombeau vide d’où il est sorti il y a plus de deux cents ans pour se repaître du sang des vivants ; j’ai voulu le voir ; je l’ai vu… j’en ai soulevé la pierre !… Guidée par un homme, par le plus humble des hommes à qui mon sort a inspiré quelque pitié et qui, en cachette, vous fait parvenir ces lettres, je suis descendue dans la crypte mortuaire de la chapelle de Coulteray dont cet homme est le gardien…

» Là, sont les tombeaux de la famille… Le premier de la seconde rangée à droite… c’est celui-là !… « Cy-gît Louis-Jean-Marie-Chrysostome, marquis de Coulteray, premier écuyer de Sa Majesté… » et une plaque, sous la date, où l’on trouve cette mention : « Les restes de Louis-Jean-