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LA POUPÉE SANGLANTE

heures quarante, vous n’avez pas de temps à perdre !

» — Non, me répliqua-t-elle brusquement… C’est de l’enfantillage… je retourne…

» — Où ?

» — Mais chez lui !

» — Chez Bénédict Masson ?

» — Oui !…

» J’étais abasourdi…

» — Écoutez, fis-je… vous avez tort !… vous avez tout à fait tort !… C’est moi qui vous le dis… vous vous en repentirez ! Ce garçon-là a tout du crime !…

» Elle réfléchit un instant et elle répéta :

» — C’est vrai qu’il y a des moments où je me suis dit ça, moi aussi !…

» — Et vous y retournez ?

» — Oui !… pour voir !… Mais bah !… ça finit toujours par les larmes… Au fond, il n’est pas bien dangereux, allez !

» Et elle rentra au chalet… Tout ce que j’ai pu lui dire… c’est comme si j’avais chanté… Ce qui l’amusait, celle-là, c’est qu’il lui faisait peur !… Décidément, on ne sait jamais avec les femmes !…

» Les jours suivants, vous pensez si j’étais à l’affût… à l’affût de mes deux tourtereaux. C’était à crever de rigolade !… Le monsieur faisait toilette… Il se faisait beau, le monstre !… Il mettait ses habits de la ville… une cravate, un chapeau… et il lui en racontait !…

» Elle, visiblement, se jouait de lui, tout en ayant peur, mais elle voulait savoir jusqu’où ça pourrait bien aller, cette histoire-là !… M’est avis qu’elle l’a appris à ses dépens et que sa curiosité ne lui a pas porté bonheur !…

» Une dizaine de jours plus tard, il était de nouveau tout seul, tantôt se promenant dans le