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LA POUPÉE SANGLANTE

XVII

LA SEPTIÈME

Cette succession de disparitions avait frappé plus d’un esprit dans le pays ; on s’en était d’abord amusé, puis on avait jasé assez sournoisement ; enfin, comme depuis de longs mois on ne revoyait plus Bénédict Masson, on avait parlé d’autre chose. Mais il y avait quelqu’un qui y pensait toujours, à ces disparitions-là. C’était le père Violette.

Le père Violette était garde-chasse de son métier, tant qu’on lui faisait l’honneur de le charger de ces importantes fonctions… Malheureusement, il y avait des années où les sociétés de chasseurs se désintéressaient tout à fait des marécages de Corbillères ; alors, le père Violette devenait braconnier. De toute façon, c’était un homme précieux. Avec lui, on était toujours sûr d’avoir du gibier.

Le père Violette n’avait rien en lui qui rappelât la fleur printanière dont il portait le nom ; il n’en avait ni la fraîcheur, ni le parfum, ni la modestie. C’était le plus grand hâbleur de chasse et de pêche que l’on pût entendre ; avec cela, le pays lui appartenait ; on ne pouvait le traverser, sans