repris-je, assez impatienté du ton plaintif et un peu inquiétant qu’elle prenait pour me raconter son rêve…
— Eh bien ! cela a fini quand je me suis réveillée…
— Étiez-vous seule, quand vous vous êtes réveillée ?…
— Oui !…
— Le marquis n’était pas là ?
— Non. La première chose que mes yeux rencontrèrent fut l’image des quatre Coulteray, là-haut, dans leurs cadres.
— Et comment vous sentiez-vous ?
— Brisée !
— Et qu’avez-vous fait ?
— Je suis allée trouver le marquis, pour lui dire que l’air de sa maison ne me valait rien du tout… et que, me sentant un peu souffrante, je serais peut-être quelque temps sans revenir…
— Lui avez-vous raconté votre rêve ?
— Oui !…
— Et qu’a-t-il dit ?
— Que sa femme nous rendrait tous fous, ici !… Et il me conseilla d’aller me reposer une semaine ou deux à la campagne… c’est même la première fois qu’il me parla de Corbillères-les-Eaux !
Je tressaillis, mais elle ne s’en aperçut même pas…
— Et vous n’êtes pas allée à la campagne ?…
— Non !… je ne pouvais alors quitter ni papa, ni Jacques… (je pensai : ni Gabriel.)
Il y eut un silence, puis :
— Vous me prenez sans doute pour une sotte… et j’ai peut-être eu tort de vous montrer que cette maison, avec ses singuliers habitants et leurs airs de mystère a fait entrer en moi un étrange senti-