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LA POUPÉE SANGLANTE

victimes deviennent vampires elles-mêmes après leur mort !…

Tous les ouvrages que j’avais trouvés dans le paquet noué d’un ruban noir traitaient du même sujet. C’étaient des « Histoires horribles et espouvantables de ce qui s’est fait et passé aux fauxbourg S. Marcel à la mort d’un misérable broucolaque » ; des « Revenants, des fantômes et aultres qui ne veulent mie quitter la terre » ; des « Comment se nourrissent les vampires », un « Traité sur la façon de vivre des broucolaques dans leur sépulcre et hors de leur sépulcre » ; enfin le fameux article de Chrysostome de Coulteray qui avait paru dans la première édition de la Grande Encyclopédie et dans lequel l’auteur parlait des vampires avec une assurance et une science qui eussent effrayé si elles n’avaient fait sourire…

On y lisait ceci, entre bien d’autres choses :

« On donne, comme on sait, le nom de vampire à un mort qui sort de son tombeau pour venir tourmenter les vivants. Il leur suce le sang… Quelquefois il les serre à la gorge comme pour les étrangler ; toute espèce d’attachement, tout lien d’affection paraît rompu chez les vampires, car ils poursuivent de préférence leurs amis et leurs parents !… », etc., etc…

— Vous comprenez, exprima Christine avec un triste sourire, pourquoi le marquis désirerait tant voir la marquise se livrer à un autre genre de lecture ?… Maintenant, vous connaissez toutes ses misères, mais la pire de toutes est bien celle-ci, pour laquelle il vous demande le secret le plus absolu… Il ne tient pas à être ridicule !

— Ridicule ?

— Un vampire, de nos jours, ferait la joie de Paris… Si on apprenait jamais que la marquise