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LA POUPÉE SANGLANTE

reur… ce sont, évidemment, les plus dangereux… parce qu’il n’y a aucune raison pour que l’on s’en débarrasse jamais… on ne sait plus où les trouver… Ils se confondent avec le reste des mortels, dont ils épuisent la vie au profit de la leur indéfiniment prolongée…

La seule façon à peu près sûre que l’on a de détruire un « broucolaque » est de réduire sa dépouille en cendres après lui avoir préalablement tranché la tête…

Mais comment être sûr que l’on a bien affaire à un broucolaque, à moins qu’on ne le trouve rose et vermeil dans son tombeau ?…

Le dernier nom de broucolaque cité par l’opuscule était celui du marquis Louis-Jean-Marie-Chrysostome de Coulteray, dont la vie, surtout dans les dernières années du règne de Louis XV, avait été une épouvante pour les pères de famille qui avaient de jolies filles à marier. Ces honnêtes bourgeois avaient bien cru être débarrassés du monstre à sa mort, mais, dès le lendemain, on apprenait que Louis-Jean-Marie-Chrysostome avait quitté son sépulcre, où il n’était jamais revenu.

Nombreux étaient les témoignages de gens qui prétendaient l’avoir vu, depuis, rôder, la nuit, autour de leurs demeures… des jeunes filles, des jeunes femmes qui avaient eu l’imprudence de dormir la fenêtre de leur chambre ouverte étaient retrouvées le lendemain matin dans un état de dépérissement absolu, et l’on n’avait pas tardé à acquérir la preuve (par la découverte que l’on faisait d’une petite blessure derrière l’oreille) que le vampire avait passé par là !…

Enfin l’opuscule ajoutait que le destin de ces jeunes personnes était d’autant plus funeste qu’il est avéré depuis la plus haute antiquité que les