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UN COUP DE MARTEAU SUR LE CRÂNE DE M. BESSIÈRES, DIRECTEUR DE LA SÛRETÉ GÉNÉRALE

L’émotion causée par la « continuation des crimes de Corbillères » ne faisait que grandir. L’opinion publique était soulevée. Oubliant, naturellement, qu’elle avait été la première à exiger la condamnation à mort de Bénédict Masson, elle accusait maintenant la Sûreté, le parquet, la cour et le jury d’avoir, comme toujours, agi à la légère, sans preuves définitives !

Le pauvre relieur (c’est ainsi maintenant qu’on l’appelait dans les faits divers) avait été certainement victime d’une effroyable machination — on ne disait pas laquelle — mais, puisque les crimes continuaient, on ne pouvait plus douter de son innocence.

On se déchirait dans la grande presse ; la polémique la plus farouche mettait aux prises les « leaders » en renom ; la justice avait trouvé des défenseurs. On avait publié une interview du garde des sceaux. On fit grand bruit autour d’une déclaration du procureur de la République :

— Que les crimes continuent à Corbillères, disait ce haut magistrat, cela ne prouve rien en faveur de l’inno-