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IX

GABRIEL ET CHRISTINE

C’étaient des bouts de papier froissés, maculés, sur lesquels elle avait écrit au crayon des notes hâtives quand elle croyait pouvoir disposer de quelques moments de solitude… On se doute de la hâte fiévreuse avec laquelle le prosecteur se jeta sur ces légers documents, les classa suivant la date, quelquefois la simple indication du jour de la semaine et des heures… Avidement, Jacques lut :

« Il était à côté de moi quand je me suis réveillée dans cette chambre inconnue. Il veillait sur moi avec une hostilité farouche.

« Ses regards me glaçaient. Jacques ! Jacques ! si jamais tu lis ces lignes, sache que je te pardonne. Je suis aussi coupable que toi ! Et papa aussi est coupable !

« Hélas ! je crois bien que je vais payer pour nous tous !… Car il ne nous pardonne pas, lui !…

« Songe que j’ai contribué pour ma grande part à le conduire où tu sais, devant la porte du cimetière de Melun… où tu ne l’as pas laissé entrer tout entier !…

« Horreur ! il avait droit au repos éternel après le hideux châtiment ! et nous l’avons arraché à la grande paix de la terre…