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LA MACHINE À ASSASSINER
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Pouvaient-ils encore douter ?… Le silence et l’abandon de cette maison après le passage de Gabriel, passage dont ils retrouvèrent les traces à chaque pas ne témoignaient-ils point qu’ils arrivaient trop tard, hélas !…

Le vieux Norbert commençait à se heurter aux murs comme un homme ivre… En vain Jacques lui criait-il : « Mais rien ne prouve encore qu’il l’a amenée ici !… rien ne nous prouve qu’elle ne lui a point échappé ! »

Hélas ! ils reçurent bientôt le coup le plus funeste… En pénétrant au premier étage, dans la chambre qui donnait sur l’enclos, ils se heurtèrent à un désordre inimaginable. Là, tout était bouleversé par une lutte qui avait dû être atroce ! Les meubles gisaient épars et, près du lit dont les couvertures avaient été arrachées, en face de la glace brisée en mille éclats, ils retrouvèrent la robe d’intérieur de Christine, sorte de peignoir d’hiver dont elle était vêtue quand le monstre l’avait emportée si brutalement, si farouchement de la maison de l’Île-Saint-Louis… cette robe n’était plus qu’une guenille tachée de sang.

Le vieux Norbert la souleva avec un cri de désespoir, puis tourné vers son complice, vers son Jacques, il l’accabla de sa malédiction et, redescendant comme un fou l’escalier, traversant en courant et en trébuchant cette maison maudite, il s’enfonça dans la nuit…

Là-haut, Jacques continuait ses recherches… D’une table renversée, un tiroir s’était échappé, et près de ce tiroir, gisaient des papiers qu’il ramassa, des feuilles couvertes de l’écriture de Christine !…