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V

AVENTURE SURVENUE À M. FLOTTARD,
RÔTISSEUR À PONTOISE

M. Flottard était rôtisseur à Pontoise. Ce n’était pas le premier rôtisseur venu. C’était un rôtisseur littéraire. Il avait commencé par être « plongeur » chez Salis, du temps que ce fameux gentilhomme cabaretier faisait les beaux jours du « Chat Noir » de la rue de Laval, devenue rue Victor-Massé.

C’est là qu’il avait pris le goût des belles-lettres et qu’il avait compris comment un homme intelligent, dans le commerce de la limonade ou de la restauration, peut donner du prix à sa marchandise en mettant un peu d’art autour.

Il ne s’agit que de trouver un genre… M. Flottard avait « un petit filet de voix ». Il choisit le genre chansonnier. Et comme, du temps du grand patron, et de l’épopée de Caran d’Ache, on lui avait inculqué l’amour de Napoléon, il devint bonapartiste.

La conclusion de tout ceci est que depuis quinze ans, un touriste qui est au courant des choses de la vie et qui passe par Pontoise à l’heure du déjeuner, ne manquera point de s’arrêter à la rôtisserie du bonhomme Flottard qui vous chante au dessert si joliment les chansons de Béranger : « Périsse enfin le géant des batailles ! disaient