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LA MACHINE À ASSASSINER
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— Il va falloir le coucher, l’étendre sur le lit à bascule et ne plus le quitter une minute !

— Tu resteras auprès de lui, pendant que j’irai chercher Christine !

— Non ! moi !…

— Pourvu qu’il ne soit pas déjà arrivé un malheur !… Ah ! Jacques ! Jacques ! qu’as-tu fait ?… qu’as-tu fait de mon automate ?…

— Taisez-vous, si tout était perdu, je me ferais sauter le caisson !…

Pour éviter toute surprise, Jacques avait allumé le grand jeu électrique. Ils s’agitaient dans une nappe éblouissante de lumière.

Ils étaient prêts à se jeter sur Gabriel au moindre geste suspect… mais ils poussèrent en même temps une sourde exclamation… Le prisonnier qu’ils avaient fait et qui était bien revêtu de la cape de Gabriel et qu’ils avaient vu coiffé du chapeau de Gabriel (lequel chapeau avait sauté dans le combat) ce prisonnier qui n’osait ni remuer ni pousser un cri, tant son épouvante était démesurée, ce n’était pas Gabriel, c’était M. Lavieuville, marguillier !…

Aussitôt qu’ils se furent aperçu de leur erreur, le vieux Norbert et Jacques Cotentin n’eurent qu’une pensée : faire l’obscurité là où ils avaient prodigué tant de lumière…

Quand les commutateurs furent tournés, ils aidèrent M. Lavieuville à se relever à tâtons et le firent sortir sans plus tarder du laboratoire.

Le tenant chacun sous un bras, ils l’accompagnèrent ainsi jusque dans la boutique de l’horloger, où le marguillier se laissa tomber sur un siège.

Les volets fermaient toujours les fenêtres sur la rue, mais le jour pâle de décembre pénétrait par la fenêtre donnant sur le jardin.