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GASTON LEROUX

— Voilà qu’il entre chez M. Lavieuville, maintenant !

Il venait en effet de pénétrer dans l’immeuble… C’était au tour de l’horloger et de Jacques de bondir maintenant.

— Si nous voulons qu’il ne nous échappe pas, avait émis le vieux Norbert, sautons-lui dessus tout de suite et renversons-le !… Il a beaucoup de peine à se relever et à reprendre son équilibre !…

La porte n’était pas refermée. Ils se ruèrent dans la maison, se heurtèrent dans la demi-obscurité à celui qu’ils poursuivaient ; le vieux Norbert s’empêtra dans la longue cape noire, Jacques donna au ravisseur de Christine un solide croc-en-jambe qui le fit rouler sur la carpette dans laquelle l’oncle et le neveu l’enveloppèrent immédiatement avec une décision brutale qui ne permit à l’autre aucun mouvement.

Du reste, il ne se défendait pas ; depuis qu’il était à terre il ne faisait aucun mouvement… Quand il ne fut plus qu’un paquet dont on n’eût pu dire la nature, ils le sortirent à eux deux, le transportèrent le plus rapidement possible en rasant les murs jusqu’à la rue du Saint-Sacrement.

Ils ne rencontrèrent que le père Juilard, le commissionnaire qui rentrait des Halles fortement éméché et qui les regarda passer d’un air abruti : « Vous battez vos tapis à c’t’heure !… C’est tout de même pas une saison à avoir peur des mites ! »

Enfin ils furent chez eux, appelèrent Christine qui ne leur répondit pas, s’enfermèrent avec leur fardeau dans le pavillon du jardin et commencèrent prudemment à dérouler la carpette…

Tous deux étaient en sueur, haletants, n’en pouvant plus !

— Attention ! disait Jacques… surveillons-le !… Il ne faut plus qu’un pareil coup recommence !…

Oh ! tant qu’il est à terre, je te dis qu’il n’y a pas de danger !…