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IV

AVENTURE SURVENUE À M. LAVIEUVILLE,
MARGUILLIER

M. Lavieuville, propriétaire, célibataire, humanitaire et marguillier, était un ancien notaire de province qui était venu finir ses jours dans cette Île-Saint-Louis qui avait vu ses jeux d’écolier. Il habitait la maison où étaient morts ses parents.

C’était un brave homme qui n’avait qu’une passion, faire le bien avec l’argent des autres. À part cela, il était prodigieusement avare ; dans ces derniers temps, il avait renvoyé sa vieille bonne, faisait sa cuisine lui-même, avait réduit sa domesticité à la mère Langlois, qui arrivait toujours dans les premières heures de la matinée (disons tout de suite qu’elle ne vint pas ce matin-là). Dans la paroisse, on le citait, comme un exemple d’abnégation et de pauvreté volontaire.

La « fabrique » s’enorgueillissait d’avoir son marguillier qui passait pour un saint. Il l’était à sa manière. Étant notaire, il aurait pu spéculer sur les fonds déposés chez ; lui par ses clients : il ne l’avait jamais fait ; marguillier, président, trésorier, correspondant de vingt sociétés de secours, il aurait pu faire son profit de l’élasticité de certains budgets de charité ou trouver son compte dans la façon de comprendre certains frais généraux ; on ne