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LA MACHINE À ASSASSINER
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la lui donner tout de suite !… Il peut même l’emporter !… M. Birouste ne tient pas du tout à son armoire à glace !… Il l’a mise « dans la chambre d’ami !… » La chambre d’ami est justement à côté de sa chambre à lui… Elles communiquent… Il n’y a qu’à pousser une porte !…

— Voyez, monsieur, cette chambre est la chambre d’ami ! Vous pouvez en disposer. Elle vous appartient, comme tout ce qui est ici, du reste. Et quant à cette armoire à glace en acajou, bien qu’elle soit un souvenir de famille, si elle peut vous être utile…

Mais déjà Gabriel ne l’écoute plus. Il est allé à la porte qui donne sur le palier, l’a fermée, en a pris la clef, pour être bien sûr que M. Birouste ne s’échappera plus, puis, d’un geste il lui a intimé l’ordre de rester dans cette chambre pour veiller Christine ; après quoi il est entré dans la chambre d’ami dont il a refermé la porte à clef, également. Entre temps il a emporté la lampe.

« Qu’est-ce qu’il va faire dans cette chambre ?… Pourquoi s’y enferme-t-il avec une armoire à glace ? » se demande M. Birouste en allumant une bougie, de sa main tremblante.

Plus forte que la peur, la curiosité pousse M. Birouste à coller un œil au trou de la serrure… et voilà ce qu’il voit :

Gabriel, d’un geste nerveux, s’est débarrassé de sa cape, a déboutonné son vêtement, son gilet, arraché sa cravate qui faisait plusieurs fois le tour de son col, rejeté le tout sur un meuble, enfin il enlève sa chemise et le voilà nu jusqu’à la ceinture. La lueur de la petite lampe l’éclaire ; la glace lui renvoie son image.

Il est penché sur cette image comme un jeune dieu se regardant dans une source.

— Quelle peau ! s’écriera plus tard devant le commissaire, M. Birouste… douce, fine, satinée, comme celle