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GASTON LEROUX

Pour atteindre la porte qui donne sur le palier, il ne faut pas plus de quatre pas… mettons cinq… Une fois sur le palier, l’escalier sera vite franchi… et après ! et après !…

Ah ! M. Birouste est décidé à risquer le tout pour le tout !… Trois pas sont déjà franchis… oui, mais au quatrième, voilà le plancher qui fait entendre un gémissement si douloureux que M. Birouste en pleurerait !

En attendant que ses larmes coulent, une sueur froide glace ses membres…

Ah ! il ne fait pas chaud, en décembre, dans la petite chambre hospitalière de M. Birouste !…

L’herboriste est resté une jambe en l’air !…

Le terrible est que Gabriel, qui ne dormait pas, s’est retourné, et voilà maintenant M. Birouste avec une jambe et les deux mains en l’air.

Cet herboriste a l’air d’un danseur de corde… Il y aurait là de quoi faire rire Gabriel, mais Gabriel ne rit jamais !

Il a remis la main dans sa poche, Gabriel !… Va-t-il encore en tirer « ce sacré revolver ? » Non !… que M. Birouste se rassure… ce n’est que le petit carnet… Et puis M. Birouste s’aperçoit que Gabriel n’a plus ses yeux terribles… Il n’y a plus dans ces yeux-là qu’une infinie tristesse.

« Il s’humanise ! » pense l’herboriste en reprenant le cours normal de sa respiration et en se laissant retomber sur sa chaise…

« Que va-t-il me demander encore ?… »

L’autre écrit, et, maintenant, l’herboriste lit : « Avez-vous chez vous une armoire à glace ? »

Si M. Birouste a une armoire à glace ?… mais je crois bien qu’il a une armoire à glace !… et s’il n’y a qu’une armoire à glace pour faire le bonheur de Gabriel, il va