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GASTON LEROUX

plus de pulmonaire ! Vous me suivez, monsieur le commissaire ?… Et vous me comprenez, j’en suis sûre !… »

« Pendant ce temps-là, l’autre ne pensait qu’à soigner sa Christine !… Tout pour elle !… Voilà ce que j’appelle un homme !… tout bandit qu’il est !… et il nous a fait passer un bien vilain moment !… Mais quel homme !… pas un muscle de sa face ne bougeait !… le sang ne lui faisait pas peur à celui-là !… Et quand il a voulu l’essuyer au front de sa victime, et qu’il ne trouvait pas tout de suite le linge qu’il lui fallait, ah ! je vous prie de croire que la boutique de Mlle Barescat n’a pas pesé lourd !… Entendu ! sûr qu’il avait enlevé la Christine !… Elle lui résistait… Il l’a emportée de force… Probable qu’il s’est produit un accident dans le petit voyage, d’où le sang dont ils étaient couverts !… Avec cela, il était poursuivi, traqué… Il a vu la lumière sous la porte de Mlle Barescat… il a frappé au hasard… Mme Camus lui a ouvert… Il s’est jeté dans la boutique !… Voilà comment je m’explique les choses !… S’il y en a de plus malins que moi, qu’ils le disent !…

« La Christine n’ouvrait toujours pas les yeux… Il lui a jeté au visage tout ce qui restait de la camomille de Mlle Barescat, qu’avait refroidi !… Il n’a réussi qu’à la débarbouiller !… Cette pauvre demoiselle Norbert n’a vraiment pas de chance : qu’est-ce qui aurait cru ça ? Quand, le dimanche, à l’église, j’avais terminé ma tournée de gros sous — un métier difficile, monsieur le commissaire, car il faut avoir l’œil partout, surveiller à la fois ceux qui restent, ceux qui vont partir et ceux qui se défilent sans avoir mis la main à la poche — eh bien ! j’avais encore un œil pour la belle Christine qui était sage comme une image de première communion et à qui on aurait, bien sûr, donné le bon Dieu sans confession !… et voilà qu’on la trouve chez le Bénédict Masson, dans quel état !… Et voilà qu’elle ne valait guère mieux dans les bras de ce Gabriel !…

« Gabriel qui ? Gabriel quoi ? Le saura-t-on jamais ?…