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GASTON LEROUX

Mais, dans la crypte, c’était le silence…

On avait dressé au fond un petit autel sur le tombeau même de François III, dit Bras-de-Fer, mort en Terre-Sainte… C’est là que l’office fut célébré par le curé.

On s’écrasait sur les marches qui faisaient communiquer la crypte avec le chœur et aussi dans l’étroit escalier de la petite tour qui montait directement au cimetière.

Le nouveau tombeau, dans ce style où la Renaissance commence à effacer le gothique flamboyant sous la fioriture de ses lignes et l’abondance du dessin, était du reste fort admiré à cause de quatre petites figures d’ange très mignardes qui en garnissaient les coins.

Il était là béant, attendant qu’on y apportât le cercueil de Bessie-Anne-Elisabeth, toujours scellé sous la pierre du tombeau de Louis-Jean-Chrysostome.

Quand le rite fut accompli et que le moment fut venu où les ouvriers descellèrent la pierre tombale et la firent glisser, toutes les haleines furent suspendues.

À ce moment, les douze coups de minuit sonnèrent dans la tour… et la pierre fut entièrement poussée…

Alors un long gémissement lugubre passa dans l’assistance, puis il y eut des cris, des « Marie Jésus ! »

La tombe avait bien conservé le cercueil qui lui avait été confié, mais le cercueil ouvert était vide !…

L’empouse, que chacun avait pu voir, lors de la dernière cérémonie, étendue sur sa couche funèbre, était sortie de son tombeau !…

Tous les regards se tournèrent alors vers le marquis, tandis que les femmes tombaient à genoux, et une rumeur des plus menaçantes commença à l’envelopper.

Il s’était redressé, hagard, inquiet, mais redoutable encore… quand soudain un autre bruit, qui, celui-ci, venait du cimetière, annonça qu’il se passait aux abords de ce dernier quelque chose d’extraordinaire.