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GASTON LEROUX

l’énergie utilisable dans les êtres vivants, nous pouvons envisager le moment où nous supprimerons la mort !…

— Supprimer la mort ! éclata Mlle Barescat dans un cri plein d’espoir !

— Oh ! nous n’en sommes pas encore là ! laissa tomber M. Birouste en manière de douche froide…

— Malheureusement ! soupirèrent les autres dames.

— Mais qui sait ? reprit M. Birouste, d’un air inspiré, nous n’en sommes peut-être pas si loin !… que faisons-nous, aujourd’hui, sinon supprimer la mort dans presque toutes les parties du personnage humain ?… La chirurgie, avec sa greffe des organes ou des chairs, ne refait-elle pas presque entièrement l’individu ?… Cette dernière guerre lui a donné l’occasion, hélas ! de refaire des visages entiers. La mécanique s’en est mêlée et une locomotion artificielle est venue ajouter son miracle à celui de la chirurgie !… Évidemment inouï, on a vu faire revivre un cœur mort !…

— Comment cela ? Comment cela ? Ah ! monsieur Birouste, vous allez un peu loin ! s’écria Mlle Barescat, haletante (elle avait souvent des étouffements et était persuadée qu’elle mourrait du cœur).

— Nullement, mademoiselle… de la façon la plus simple du monde !… On a ouvert un petit volet dans les côtes !

— Ah ! mon Dieu ! Et vous appelez cela simple, vous !

— Et par ce volet, le chirurgien a pratiqué des pressions rythmiques qui ont rétabli la circulation suspendue, c’est-à-dire qu’il a ressuscité le mort !

— Ah ! mon Dieu ! C’est comme qui dirait Lazare ! soupira Mme Camus, que cette conversation « médusait ».

— On a fait mieux !

— Ah ! Ça n’est pas possible ?

— Carel ! Vous avez bien entendu parler de Carel ?