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GASTON LEROUX

à Tamisier, à Nicolle, sans compter Drouine et sa femme Adolphine ! Nous sommes une belle collection, allez !… Ce qui me console, voyez-vous, monsieur le marquis… c’est que vous êtes le seul à être resté intelligent, avec des histoires pareilles !

— Tiens ! fit le marquis… Te voilà donc revenu, Drouine ?

— Oui, monsieur le marquis, répondit l’autre en rougissant comme une première communiante… je n’ai pas voulu laisser passer une cérémonie pareille sans venir vous présenter mes devoirs et mes condoléances !…

— Je vois que tout le monde sera là ! constata le marquis en continuant de jouer avec son fouet à chien… j’en suis content pour la mémoire de la marquise… j’espère qu’après cela les imbéciles nous ficheront la paix, à elle et à moi !

Alors Verdeil (qui tenait le garage au coin du pont) se leva et vint se planter devant le marquis.

— Je vous défends de me traiter d’imbécile ! déclara-t-il froidement.

— Ah ! ah ! ricana Georges-Marie-Vincent… voici monsieur l’esprit fort !… Monsieur qui ne va jamais à la messe !… monsieur qui ne croit ni à Dieu ni à diable !…

— Justement ! dit Verdeil.

— Mais monsieur croit aux fantômes !

— Justement ! répéta Verdeil… je ne crois qu’à ce que je vois, et à ce que j’entends !… Eh bien ! je l’ai vue, et je l’ai entendue, et je l’ai reconnue… la femme de l’empouse !…

À ce dernier mot, le marquis se leva en jurant… Il était devenu tout pâle… Et l’on put croire qu’il allait cravacher l’autre… Il se retint…

— Vous êtes tous des cuistres !… indignes du bon