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LA MACHINE À ASSASSINER
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Pendant que ces martyrs de la science regagnaient leurs augustes pénates à pied, car ils ne retrouvèrent plus leur taxi, la poursuite continuait derrière Gabriel !…

Au coin de la rue Saint-Honoré et de la rue Boissy-d’Anglas, il y eut un embouteillage peu ordinaire dont la poupée profita en passant carrément sur le trottoir, au milieu des hurlements des piétons qui s’écrasaient contre les murs.

Puis elle remonta vers la Madeleine qu’elle contourna et arriva à une allure de bolide dans les autobus Madeleine-Bastille qui stationnaient là en attendant leur tour de départ, à la tête de ligne.

L’un d’eux fut secoué solidement sur sa base et fut endommagé ; l’auto du ministre sortit de cette collision à peu près en miettes ; quant à la poupée, elle parut être projetée vers un autre autobus que son chauffeur commençait à mettre en marche.

La douzaine de voyageurs qui s’y trouvaient déjà virent avec épouvante cette espèce de mécanique humaine qu’aucun choc ne semblait entamer, bondir à la place du chauffeur qui fut rejeté comme une loque sur la chaussée.

Déjà la ruée des poursuivants accouraient en criant :

— La poupée ! la poupée !

Ce fut un sauve-qui-peut général. Au risque de se rompre les membres, les voyageurs sautèrent hors du véhicule qui, heureusement n’était pas encore tout à fait lancé.

Cependant, sur la plate-forme arrière un vieux monsieur à cheveux blancs, qui n’avait pu se résoudre à « descendre en marche » pleurait comme un enfant en agitant son parapluie comme un drapeau noir.

Le conducteur n’avait pas eu le temps de monter, de telle sorte que le vieux monsieur blanc se trouvait seul avec la poupée vers laquelle il se retournait de temps