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LA MACHINE À ASSASSINER
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la foudre !… Ma tête a porté en plein dans le centre de sa mécanique et il a été comme soulevé de terre… Il est retombé sur le dos, les quatre pattes en l’air !… Et alors ! et alors !… alors, ce qui s’est passé, voyez-vous, monsieur le directeur, ça a été plutôt rigolo !…

« Ce particulier-là, quand il est sur le dos, il est comme un crabe !… il ne peut pas se relever !…

« Il s’agite, roule de droite, de gauche, tourne sur lui-même, décoche dans le vide des coups de poing et des coups de pied à défoncer des murs… Mais il n’y a qu’à se garer… et à lui recoller la tête par terre quand il fait mine de se soulever…

« Quand je me suis rendu compte de ça, j’ai pris tout mon temps, et du bon temps !… et je l’ai bien fait enrager, vous savez !… comme un gosse qui s’amuse avec un crabe sur le sable, je vous dis !…

« J’avais envoyé un moutard qui passait me chercher des cordes à « l’Arbre Vert »… Il est revenu avec une auto qui venait d’arriver et le père Philippe, le bourrelier !… Les gens de l’auto, le père Philippe et moi nous avons réussi à passer à la poupée des cordes sous les bras et nous l’avons traînée comme ça jusque dans l’auto, toujours sur le dos !

« Quand les gens de là-bas ont vu que cette espèce de mécanique qui ne cessait de gigoter était bien la poupée sanglante… ils ont voulu lui casser la figure ! Mais… moi, j’ai dit : « Ne me l’abîmez pas !… Elle m’appartient ! » Et voilà comment nous vous l’avons apportée, monsieur le directeur !… Maintenant elle appartient à la justice et aux savants ! et, ma foi, on ne viendra plus nous dire qu’elle n’existe pas ! Tenez !… je les entends qui la traînent… la voilà. »

M. Bessières ouvrit lui-même la porte et les agents traînèrent jusqu’au milieu de son cabinet une grande poupée terriblement ficelée, ligotée, enchaînée, liée de