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LA MACHINE À ASSASSINER
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XX

UNE SÉANCE MÉMORABLE À L’INSTITUT

Le dernier article signé XXX, en élargissant le scandale jusqu’aux limites du possible et même de l’impossible (pour certains esprits), avec la poupée sanglante, avait déterminé dans la capitale un mouvement dans lequel se trouvaient entraînés tous les rouages de l’État. Ce n’était plus seulement avec l’émotion de la rue qu’il fallait compter, mais avec celle de « tous les grands corps constitués », pour parler le langage solennel un peu désuet, mais si évocateur quelquefois de la haute administration.

Le ministère de l’intérieur (présidence du conseil) reprochait avec une acrimonie menaçante à la direction de la Sûreté générale des « indiscrétions de presse » qui entretenaient une fièvre malsaine dans les réunions publiques, dans les syndicats et même dans les associations les plus fermées à la politique, car l’affaire de la poupée sanglante était devenue, ni plus ni moins, une affaire politique avec laquelle on essayait de berner les foules et sous laquelle se cachait peut-être un effroyable déni de justice.

Au sein des familles jusqu’alors les plus unies et les plus paisibles — et les mieux « élevées » — on se jetait à la tête, à propos de tout et de rien, cette phéno-