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LA MACHINE À ASSASSINER
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« Ces démons se croient des anges : ils meurent tranquilles et fiers ; ils dorment en paix ; la justice britannique met-elle la main sur eux, ils se présentent sans crainte et meurent sans honte.

« Ils développent ingénument les principes de leur caste, en soutiennent l’excellence et en rapportent les actes les plus horribles à une nécessité supérieure, divine, dont ils ne sont que les instruments.

« Ils sont les diacres de l’effroyable déesse Devi, la maîtresse de la mort, qui se nomme encore Kâli ou Dourga. Tous les meurtriers la regardent comme leur protectrice, les sacrifices humains lui plaisent seuls. Ils ont commencé par verser le sang devant sa statue, maintenant ils le boivent !

« Autrefois, ils se divisaient en « thugs du Nord » et en « thugs du Midi ». Avec leurs rites spéciaux. Depuis la fin du dernier siècle, une nouvelle secte n’a fait que grandir en puissance et tend de plus en plus à fondre en elle tous les éléments du « thugisme ». C’est celle des « Thugs-Assouras » qui ont compliqué leur rite criminel de toutes les pratiques du vampirisme !

« Les Assouras, pour se conformer aux anciennes coutumes, étranglent encore leurs victimes, mais après avoir vidé leurs veines et s’être repus de tout leur sang.

« Il leur arrive de prolonger le supplice pendant des semaines, des mois et même des années. Ils s’attaquent presque exclusivement aux femmes. Quand leur victime est belle et douée d’une santé robuste, ils ont garde d’en finir avec elle dès la première séance. Certains se mettent à l’aimer, à la chérir, et d’autant plus que beaucoup d’entre eux retrouvent en elle la vie qui les fuit.

« Ainsi cite-t-on quelques-unes de ces malheureuses qui, jusqu’à leur dernier souffle, ont été entourées, entre chaque libation, des soins les plus tendres !…

« Et maintenant, nous devons terminer ce premier