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LA MACHINE À ASSASSINER
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nuaient à Corbillères et même à Paris !… Les journaux étaient pleins des gestes redoutables de la poupée sanglante !… je ne t’en ai pas parlé, Gabriel (tu vois je n’ai pas oublié que vous vous tutoyez), mais j’ai trouvé le moyen d’avertir Jacques !… Lis ces feuilles publiques qu’il vient de nous apporter dans un pays bloqué par les neiges et au risque d’un rhume de cerveau… et espère !… »

Sans relever l’affreuse ironie qui soulignait ce petit discours prononcé d’une voix toujours de plus en plus encombrée par le catarrhe (avec hypersécrétion), Christine s’était jetée sur les journaux et les parcourait d’un œil avide… Quand elle en fut aux dernières indiscrétions signées XXX, elle s’écria :

— Certes, sa joie va être immense !… Tu as raison… Je peux maintenant lui dire que tu es là !… Voilà un prétexte tout trouvé !…

— Remercions-en le ciel ! reprit Jacques, en se mouchant aussi décemment que possible dans un grand mouchoir que cette excellente Catherine avait emprunté, dans la pitié que lui inspirait ce voyageur imprudent, à son trousseau particulier… Remercions-en le ciel… car cela m’aurait fait vraiment de la peine de repartir sans lui avoir dit un petit bonjour… Il est donc bien jaloux ?…

— Ah ! mon ami, plus que tu ne pouvais te l’imaginer !…

Eh bien ! moi aussi, je suis jaloux ! s’écria Jacques avec un éclat qui détermina une quinte qui faillit le suffoquer.

— Est-il possible ! s’exclama Christine. Tu es jaloux de Gabriel !… Toi, Jacques, la sagesse même, tu es jaloux d’une poupée !…

— C’est comme je te le dis, Christine… Pygmalion aimait sa statue… moi je la déteste !… Voilà où j’en suis, moi, Jacques, la sagesse même !… Et ne fais pas