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GASTON LEROUX

— Jacques, tu n’es pas raisonnable… Laisse-toi soigner, je t’en supplie !… Tu grelottes !…

— Je demande un bonnet de coton !… réclama Jacques avec un affreux rire de crécelle.

Christine, excédée, haussa les épaules :

— Jacques ! Jacques ! je ne te reconnais plus !… Depuis que j’ai franchi ce seuil, tu ne m’as pas adressé une parole amie… Tu ne m’as pas donné des nouvelles de mon père !… Crois-tu que je n’ai pas eu mes heures douloureuses, moi aussi ?

— Tu t’en souviens ? interrogea Jacques, les yeux en pleurs. Je pleure, expliqua-t-il tout de suite, parce que je suis enrhumé !… Ne confonds pas mes larmes avec celles d’un Gabriel !…

— Tu es odieux !… On dirait que tu m’en veux !… N’est-ce pas moi qui t’ai appelé ?… Ce nom de Beigneville ne t’a-t-il pas mieux renseigné que n’importe quel télégramme que je n’eusse su où t’envoyer ?… et qu’il n’aurait pas laissé partir !

— Ah ! oui ! oui ! tu es bien gardée !… Je me demande même comment tu as pu venir ici ?…

— Oh ! il ne s’en doute pas… il repose… je le lui apprendrai demain avec toutes sortes de précautions…

— Je t’en prie, Christine, surtout ne néglige pas les précautions !… Gabriel est si susceptible !…

— Tu ne te doutes pas de ce qu’il est susceptible !…

— Si ! si !… mais je vais te fournir un excellent argument, dont, je l’espère, il ne pourra être que satisfait. Tout ce que tu viens de me dire au sujet des disparitions de Corbillères peut, au besoin, expliquer l’innocence de Gabriel, mais ne la prouve pas !… Écoute, Christine, Je crois bien que la preuve arrive !… Tu n’as qu’à lui dire : « Je savais que, pendant que nous étions dans ce pays, les disparitions, les crimes, les attentats conti-