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LA MACHINE À ASSASSINER
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innocence en tant qu’homme !… Alors tu l’as vu pleurer et tu as eu la foi !

— Oui ! la foi !… Il n’y a pas d’autre mot !…

— Et cela lui a suffi, ta foi ?…

— Si bien qu’il a consenti alors à s’expliquer… Tant que je n’ai pas cru en lui, tant que je me suis imaginé que j’étais la proie d’un monstre, il s’est conduit comme un monstre m’emportant dans sa rage et dans son tourbillon ; mais quand il m’a vue attendrie par ses larmes, il m’a humblement soumis le détail de sa misère avec une confiance d’enfant !…

« Il s’est mis à mes genoux pour me tendre ses héroïques, hallucinants, pitoyables griffonnages où son innocence criait… et s’expliquait !… Et, mon Dieu ! c’était si simple !… si simple !…

« Tu vas en juger, Jacques… Il est vrai qu’il cachait au fond de sa cave tout le bagage des femmes disparues… mais puisqu’elles l’avaient laissé derrière elles, ce bagage, qu’aurais-tu voulu qu’il en fasse !… qu’aurait-il pu répondre à ceux qui l’eussent interrogé ?… je te le demande !…

— Tu me demandes cela, à moi, qui ai toujours cru à l’innocence de Bénédict Masson !… Les femmes ont, en vérité, une façon de concevoir la logique… Va, Christine ! continue !… tu m’intéresses !… et que dit-il du père Violette ?

— Il dit que le père Violette était peut-être le seul à savoir la vérité, ou tout au moins qu’il l’avait apprise à ses dépens, au moment de sa mort, et c’est de cela qu’il serait mort !

« Gabriel s’imagine que le garde a dû assister à l’attentat dont a été victime la petite Annie ! Violette surveillait Annie fort activement depuis plusieurs jours. Il a dû se trouver là et sans doute intervenir au moment du drame… et l’on a supprimé le père Violette !