Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA MACHINE À ASSASSINER
177

patatras ! Et vous ne voulez pas que l’on vous soigne !… Vous êtes tous aussi insupportables les uns que les autres !…

— Serait-ce pour Gabriel que tu dis ça ? reprit Jacques en tisonnant son feu.

— Pourquoi pas ?… Vous avez une pudeur stupide !… Vous oubliez que nous sommes des sœurs de charité !… En ce qui concerne Gabriel, par exemple, quand le moment a été venu de le soigner, il n’a jamais voulu que je m’en mêle !… J’ai dû tout lui expliquer, et il s’est soigné tout seul !… Il ne veut pas me confier ses petites clefs !… et, comme il dit, il fait son ménage lui-même !

— Le principal, reprit Jacques d’une voix de plus en plus encombrée par une toux irritante et irritée, le principal est que vous ayez fini par vous entendre !…

— Comme tu me dis cela !… exprima Christine en fronçant légèrement ses beaux sourcils… Me le reprocherais-tu, par hasard ?…

— Que non pas !… mais tout en m’en réjouissant, j’aurais peut-être le droit de m’en étonner !… Je suis passé par Corbillères, Christine, j’en ai rapporté tes petits papiers, enfin j’y ai relevé les traces d’un drame qui m’avait fait craindre pour ta vie !… Quelle surprise et quelle joie pour moi de vous avoir vus passer ici, la main dans la main !…

— Tu vas tout comprendre d’un mot, mon Jacques !… C’est toi qui avais raison : Bénédict Masson était innocent !

— C’est Gabriel qui t’en a convaincue ?

— Oui…

— Il t’en a convaincue sous peine de mort ?

— Peut-être bien !… Je crois, en effet, que, s’il n’était pas arrivé à me convaincre de cela, nous ne serions plus de ce monde, ni moi, ni lui !… Il m’entraînait dans une catastrophe d’où tu ne l’aurais pas, cette fois, ressuscité !…