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GASTON LEROUX

— Il y a des chances ! acquiesça M. Birouste.

— Oh ! avec vous il n’y a pas moyen de causer ! gémit Mme Camus. Laissez-la donc ! nous ne saurons rien si vous l’interrompez tout le temps !

— Pendant ce temps-là, M. Birouste était bien tranquille dans son lit ! fit remarquer avec un sourire acide Mme Langlois.

— Avez-vous eu des renseignements particuliers sur ses derniers moments, sur le réveil dans la prison, par exemple, se hâta de demander Mlle Barescat, qui savait qu’il était de son devoir d’empêcher qu’autour de sa camomille la discussion ne s’envenimât.

— Ah ! ma chère mademoiselle, ne m’en parlez pas ! Quand on l’a réveillé (car il dormait comme un loir) il a dit : « Eh bien, vrai ! ça n’est pas trop tôt ! » Et ce qu’il a passé à la justice !… Ce qu’il a pris pour son rhume, l’avocat général…

— L’avocat général était enrhumé ? demanda M. Birouste.

— Oh ! vous ! s’écria Mme Camus, indignée, vous êtes plus cynique que l’autre ! Ces gens-là on devrait les guillotiner deux fois !

— Merci ! fit M. Birouste.

— Mais je ne parle pas de vous ! Vous croyez qu’on ne pense qu’à vous. Je dis que des gens comme ce Bénédict…

— Avez-vous lu les vers qu’il a laissés pour la Christine ? interrompit Mlle Barescat.

— Oui, j’ai lu ça dans les journaux, répondit Mme Langlois, mais moi aussi, j’en ai des vers !… des vers de sa main !…

— Non !…

— Si !… Tenez ! je les ai apportés !… Comprenez !… c’est un souvenir !… une affaire pareille !… Sans compter