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XVI

IDYLLE DANS LES NEIGES

Dès lors, la conduite de Christine lui parut toute naturelle.

Certainement, elle s’était rendu compte — et à quel prix !… (les premières traces de l’effroyable aventure l’attestaient) — que la résistance à la volonté forcenée de l’automate ne pouvait aboutir qu’à une catastrophe !…

Elle avait fini par le suivre de bonne grâce, en apparence, et pour ne pas laisser livrée à elle-même cette terrible mécanique à cerveau d’assassin ! car Jacques ne pouvait oublier que Christine, elle, ne doutait point de la culpabilité de Bénédict Masson !…

Pauvre chère adorée Christine !… Avec une conviction pareille, quel héroïsme ne lui fallait-il pas déployer pour vivre dans une aussi redoutable compagnie, en souriant !… en s’inclinant docilement devant les quatre volontés de Gabriel… qui devait passer son temps à la surveiller, lui défendre un pas, un geste qui pût mettre sur leurs traces et rompre cette intimité qu’il n’avait osé espérer dans sa vie normale, sous son masque hideux et dont il n’était redevable qu’à sa sublime aventure !…

Et voilà que Christine avait trouvé cela ! Elle envoyait à Jacques à travers l’espace cet appel qui ne pouvait être compris que de lui seul : Beigneville !…