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LA MACHINE À ASSASSINER
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Venir à Saumur pour prendre un billet pour Nice, n’était-ce point là le comble de la ruse pour un automate ?

Un express qui, par Tours, allait rejoindre le P.-L.-M. à Lyon passait une heure plus tard ; Jacques le prit, après avoir, lui aussi, laissé à Saumur son auto, dans le même garage…

Il n’osait télégraphier à l’horloger de lui envoyer une dépêche dans une gare du parcours, Lyon, Avignon ou Marseille, de peur de donner l’éveil à la police avant qu’il n’eût rejoint lui-même la poupée, jugé en toute impartialité la situation et pris ses décisions. Et cependant il brûlait du désir de savoir si Christine lui avait adressé un mot à Paris pour le mettre au courant de sa fugue avec Gabriel et lui donner le moyen de les retrouver.

Il ne pouvait imaginer sans douleur que la fille du vieux Norbert acceptât si facilement le sort que lui faisait la poupée sans se préoccuper autrement de son père et de son fiancé !…

Pour distraire son inquiète pensée, il acheta les journaux. Un titre qu’il retrouva partout lui sauta aux yeux : La poupée sanglante…

Il connut ainsi la confession affolée de l’horloger, les déclarations du professeur Thuillier et l’indicible émoi de la capitale !… À Marseille, les feuilles de la localité commençaient à donner des détails sur le « trocard » retrouvé dans la petite maison de Corbillères et publiaient des télégrammes relatifs aux premiers piqués !…

Comme il fallait s’y attendre, Jacques ne vit là qu’une étrange suggestion, mais tout à fait explicable, dans l’état des esprits… Cependant, la constatation, que l’on prétendait (maintenant) avoir faite, des piqûres sur le cadavre du père Violette et des dernières victimes de Corbillères commencèrent à le faire réfléchir… Il savait, lui, comment le trocard s’était trouvé à Corbillères et que la poupée