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LA MACHINE À ASSASSINER
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quant à moi, qui avais l’âge de raison au moment de la guerre de 1870, à rappeler la fameuse affaire Tropmann !… Messieurs, Tropmann n’a jamais existé !…

— Tropmann n’a jamais existé !… Eh bien ! et le champ Langlois, alors !…

— Un champ, monsieur, peut toujours exister, mais Tropmann est une invention de l’empereur comme votre poupée sanglante est l’invention de M. Bessières, de la Sûreté générale !… Je vous donne mon opinion, monsieur ; vous n’êtes pas obligé de la partager !… Vous êtes jeune encore ; quand vous aurez mon âge, il y aura des choses qui ne vous étonneront plus !…

Le vieillard qui parlait ainsi, dans une brasserie du boulevard Poissonnière, et qui, du reste, se vit traité de gâteux, s’appelait M. Thibault. C’était un petit rentier des Batignolles. Nous aurons l’occasion d’en reparler avant peu…

Malgré tout cet émoi que nous venons de décrire, nous pouvons avancer qu’il ne s’était passé rien encore à Paris, à propos de la poupée sanglante, en comparaison des événements qui s’y succédèrent les jours suivants. Ce fut comme un souffle de folie sur la capitale !

On gardera longtemps le souvenir de cette semaine fantastique qui débuta par la découverte du petit pistolet chirurgical et de son trocart !

Nous n’avons pas oublié que Christine, lors de son premier voyage à Corbillères, avait apporté, dans son sac à main, cet instrument fatal, et qui s’en était échappé. Ce fut un inspecteur de la Sûreté qui le découvrit entre les deux marches du perron qui conduisait chez l’homme de Corbillères, le surlendemain du jour où éclata l’affaire de la poupée sanglante…

Pour permettre au lecteur d’apprécier l’importance d’une telle découverte, nous ne croyons pouvoir mieux faire que de reproduire ici le communiqué quasi officieux des agences :