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GASTON LEROUX

« Le nettoyage du sérum en circulation se ferait mécaniquement par un barbotage, qui rappellerait le « barbotage » par la chaux…

« C’est simple, monsieur, et c’est formidable, comme le génie.

« Quand je vous aurai dit que le sérum Rockefeller fut soumis par nos inventeurs à un traitement particulier par le radium ou mieux par des résidus de radium (cause de ruine pour les malheureux qui durent donner leurs derniers cinquante mille francs pour cinquante milligrammes de bavure de radium), et que l’automate dispose ainsi d’une force surhumaine, que cet automate voit et entend comme vous et moi, mais qu’il ne parle pas, les inventeurs ayant renoncé, momentanément, à le douer d’une voix qui l’aurait peut-être rendu ridicule… je vous aurai tout dit de ce que je peux savoir, entrevoir, ou deviner… Jusqu’à ce que nous ayons entre les mains l’œuvre ou le cahier de travail de Jacques Cotentin, il serait oiseux ou dangereux d’en dire davantage !… »

Sur quoi, le professeur Thuillier se leva.

— Encore un mot ! pria le reporter… Comment expliquez-vous que Jacques Cotentin ait justement choisi le cerveau de Bénédict Masson ?

— Il ne l’a pas choisi, monsieur ! Le cerveau de Bénédict Masson est arrivé au moment psychologique… On m’a dit que notre prosecteur croyait à l’innocence du relieur, je ne crois point que ce soit cette manière de voir qui l’ait déterminé… Je pense, tout simplement, qu’il s’est servi de ce cerveau parce qu’il l’a jugé parfaitement à point !… sans tare, sans maladie, nullement épuisé comme la plupart des cerveaux qu’il pouvait trouver sur les tables de « travaux pratiques… » Enfin, un dernier détail… Bénédict Masson était mort bravement, la tête lancée en avant, et le couteau avait respecté le bulbe, ce qui rendait l’opération infiniment plus facile quand il s’est agi de procéder à la réunion des différentes