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LA MACHINE À ASSASSINER
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profonde incision au-dessus du cœur du malade et se livrer, pendant plusieurs heures, avec ses mains, à un massage ininterrompu sur les ventricules mis à nu. Voici ce que l’on peut faire avec un cœur, pourquoi douter d’un cerveau à qui l’on redonne la circulation vasculaire, c’est-à-dire la vie ?

— Mais, mon cher maître, interrompit le journaliste, comment Jacques Cotentin a-t-il pu, justement, donner à un automate cette circulation nécessaire et comment le cerveau agit-il sur l’automate ?…

— Monsieur, voici le système, tel que j’ai pu le comprendre, d’après mon enquête forcément restreinte, et les dires de l’horloger. Le cerveau n’a été que le couronnement de l’œuvre… En somme, quand le cerveau est arrivé, tout était prêt… Les pièces de l’automate étaient revêtues du réseau de nerfs nécessaire à la transmission du mouvement, la colonne vertébrale artificielle, dont j’ai pu recueillir quelques restes d’apophyses, était garnie de sa moelle, le tout préparé et entretenu dans le sérum Rockefeller lui-même…

« Un système de mèches ouatait, si j’ose dire, la partie physiologique de l’automate et se glissait dans la région sous-cutanée… La peau aussi était artificielle, et, autant que j’ai pu m’en rendre compte, et en étudiant les résidus, faite d’une espèce de parchemin velouté d’une grande souplesse et d’une grande douceur… Toutes ces mèches étaient humectées par le sérum Rockefeller, conservant la vie aux tissus, et entretenant sous cette peau veloutée une température toujours égale…

« Là, nous touchons au problème de la circulation et voici comment Jacques Cotentin l’aurait résolu…

« La circulation du sérum serait établie par le truchement d’un siphon. Enfin ce sérum passerait par une tubulure glissée dans une « résistance » (vous savez ce qu’en électricité on appelle la « résistance ») maintenue à une température constante de 37 degrés par un interrupteur !…