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GASTON LEROUX

théâtre nommé Baptiste, qui est moins stupide qu’il n’en a l’air…

« Si nous avions pu mettre la main sur le cahier où Jacques Cotentin relatait au jour le jour ses travaux, et qui contient par conséquent tout le mystère de son automate vivant, nous n’aurions plus qu’à nous taire ; l’œuvre elle-même se défendrait ; mais nous n’avons ni le cahier, que Jacques porte toujours sur lui, ni Jacques, ni l’automate ! du moins pour le moment… Et alors voici ce que, toutes ces réserves faites, je puis vous dire, après avoir interrogé les deux personnages en question qui ont été mêlés à ses travaux, après avoir visité moi-même le laboratoire d’où la poupée est sortie, les appareils qui ont servi à la créer, l’atelier où elle a pris forme humaine, et aussi, après avoir pu recueillir quelques documents épars sur lesquels, dans la hâte des derniers moments qui ont précédé chez la poupée le phénomène de la vie, le prosecteur avait jeté quelques idées ou plutôt quelques impressions…

« Je suis heureux de faire ces déclarations à la presse devant mes éminents confrères qui sont dans le même état d’esprit que moi, c’est-à-dire dans un état d’esprit purement scientifique, veuillez le croire, ce qui ne nous empêche pas de considérer l’événement, ou mieux la possibilité de l’événement (car, au point où en est restée notre enquête, on ne saurait nous demander autre chose), avec une extase mêlée d’une certaine angoisse…

— Et même d’épouvante ! interrompit assez brusquement le docteur Ferrière.

— Il est certain qu’il eût pu choisir un autre cerveau que celui-là ! fit entendre le docteur Hurand.

— Messieurs, restons dans le domaine scientifique, pria le docteur Pinet, de sa petite voix sèche et métallique.

— Messieurs, commença le docteur Gayrard, il n’est point mauvais qu’un représentant de la presse voie non