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LA MACHINE À ASSASSINER
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une interview de Baptiste, le garçon d’amphithéâtre qui travaillait pour Jacques Cotentin… Baptiste ne faisait aucune difficulté pour reconnaître qu’il avait bien rapporté la tête de Bénédict Masson à la rue du Saint-Sacrement !…

Tous ces faits, si ahurissants fussent-ils, concordaient tellement, que l’on cessa de rire. D’autant que toute la presse, en même temps, se mit à donner… Ce fut une débauche de papiers, d’éditions de plus en plus spéciales avec des titres qui donnaient le vertige comme celui-ci : Prenez garde à la machine à assassiner le monde !

Enfin ! il y avait une chose que l’on ne pouvait nier : c’est que la police prenait l’affaire au sérieux !… On interrogeait déjà les victimes de la poupée sanglante !… On recherchait les autres !… Et toute la brigade des inspecteurs de la Sûreté était à ses trousses !… Conclusion : allons faire un tour du côté de l’Île-Saint-Louis !

Si les cavaliers de la garde républicaine n’étaient soudain apparus, faisant circuler la foule au delà des ponts, sur les deux rives ; si les brigades centrales n’avaient établi de sérieux barrages, on ne peut prévoir les excès que l’on aurait eus à déplorer. M. Lavieuville, M. Birouste, Mlle Barescat, Mme Camus, Mme Langlois s’étaient réfugiés dans le clocher de l’église.

Quant à l’horloger, oncques on ne le vit. On sut depuis qu’il se trouvait alors caché chez un célèbre praticien, professeur à la Faculté, qui avait toujours montré beaucoup d’amitié pour Jacques Cotentin : M. Thuillier, l’un des esprits les plus ouverts de l’école, le chef de ceux que l’on appelait alors « les jeunes », lesquels étaient en guerre ouverte avec leur doyen, M. le professeur Ditte, l’une des vieilles gloires de l’institut.

Tout l’après-midi vit encore accourir, du côté de l’Île-Saint-Louis, les foules endimanchées. Il y eut ripaille dans tous les cabarets, de la Bastille à la place