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LA MACHINE À ASSASSINER
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pourquoi je suis chez vous, monsieur !… et pourquoi M. l’avocat général Gassier…

M. l’avocat général Gassier s’est moqué de vous, monsieur, et je ne comprends pas…

— je ne pense pas que M. l’avocat général Gassier se soit moqué de moi, interrompit sans s’émouvoir M. Lavieuville, et si vous ne comprenez pas, monsieur le directeur, c’est que vous ne m’écoutez pas !… J’en reviens à la camomille chez Mlle Barescat… Mme Langlois, qui faisait le ménage de Bénédict Masson, faisait aussi celui du bonhomme Norbert, l’horloger !

— Elle fait donc tous les ménages de l’Île-Saint-Louis, cette brave dame ?…

— Non ! monsieur le directeur, mais elle sait à peu près ce qui se passe dans tous les ménages et elle est fort instructive à entendre… dans le cas qui nous occupe, elle entretenait ces dames d’une sorte de personnage qui habitait clandestinement chez l’horloger et qu’elle avait pris pour un mutilé de la guerre, pour un amoché comme on dit de nos jours. Le neveu du bonhomme Norbert, le prosecteur Jacques Cotentin, qui est, m’a dit M. l’avocat général Gassier, une espèce de génie, donnait ses soins à ce soi-disant mutilé… Or… ne vous étonnez de rien, monsieur le directeur… Vous comprenez que si M. Gassier m’a envoyé à vous… Eh bien ! ce soi-disant mutilé, aux derniers renseignements, serait tout simplement un automate !…

M. Bessières bondit comme s’il avait été un automate lui-même obéissant à quelque ressort caché…

Tout simplement ! s’écria-t-il… Et qu’entendez-vous par les derniers renseignements ?

— Ceux qui m’ont été fournis par mon ami M. Gassier, à qui j’avais raconté mon aventure, et qui a fait faire une enquête personnelle, d’où il a déduit lui-même que nous avions toutes chances pour avoir affaire à un automate !