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LA MACHINE À ASSASSINER
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Le moment est venu de faire connaissance avec ce personnage qui a joué son rôle dans la coulisse de l’affaire Masson, coulisse que les pouvoirs publics ont volontairement laissée, depuis lors, dans une ombre plutôt inquiétante…

Cet agent était connu depuis plus de vingt ans dans tous les services de la police, Sûreté générale, Sûreté « tout court », Préfecture et même jusque dans les services de province, sous le nom de l’Émissaire. De son vrai nom, il s’appelait Lebouc : monsieur Lebouc… Et si l’on avait fait de M. Lebouc, l’Émissaire, ce n’était point un vilain jeu de mots. Voici comment M. Lebouc était devenu « le bouc émissaire » :

Cela remontait à certaine affaire politique qui avait quelque peu bouleversé le monde. Pour surveiller un personnage « en place » dont les agissements étaient soupçonnés redoutables en même temps que contraires à la conception normale d’une sainte justice, on avait besoin d’un agent sur l’intelligence et l’audace duquel on pût compter, mais que l’on pût aussi désavouer si les événements prenaient une tournure inquiétante pour les responsables d’une telle initiative.

M. Lebouc avait commencé jeune sur les bancs de la correctionnelle. Cependant, il n’avait pas l’âme vulgaire d’un coquin, tout au plus celle d’un arriviste… Après sa troisième expérience de la vie qui l’avait conduit comme les deux précédentes devant les juges, il estima qu’il avait choisi le mauvais chemin pour arriver…

Las d’être « arrêté », il se mit du côté de ceux qui « arrêtaient » les autres, de coquin, se fit croqueur, c’est-à-dire « indicateur »…

M. Lebouc se distingua tout de suite.

Ce n’était point l’infâme « casserole », ni le stupide « mouton ». Il avait des idées générales ; il avait reçu de l’instruction ; dans plusieurs affaires d’envergure, il adressa à ceux qui l’employaient des rapports qui furent