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LE PORTRAIT

secret à me confier. Je l’encourageai d’une petite tape amicale sur l’épaule. (Ici M. Théophraste Longuet décharge une telle petite tape sur l’épaule de M. Petito, que M. Petito pousse un gémissement et sort sa monnaie, dans le désir qui l’étreint d’aller voir dehors si le brouillard s’est dissipé.) Rentrez donc votre monnaie, monsieur Petito ! C’est moi qui régale. Je disais donc que le bon homme Bidel, encouragé par une petite tape amicale sur l’épaule (M. Petito glisse sur la banquette), me confia son secret. Il me dit, dans le tuyau de l’oreille, que le Régent avait promis 20.000 livres à qui ferait arrêter l’Enfant et qu’il savait, lui, où se cachait l’Enfant, que je lui étais apparu comme un homme de courage, et qu’il se faisait fort, avec mon aide, de gagner les 20.000 livres. On partagerait. Le bonhomme Bidel était bien mal tombé, monsieur Petito, car, moi aussi, je savais où se trouvait l’Enfant, puisque l’Enfant, c’était moi ! (M. Petito n’en veut rien croire. Il estime, à part lui, que depuis de longs mois M. Longuet n’est plus un enfant. Mais il n’ose le dire.) Je répondis au bonhomme Bidel que c’était là une bonne aubaine et que je remerciais le ciel de l’avoir mis sur mon chemin, et je le priai de me conduire à l’endroit où se trouvait l’Enfant. Il me dit : « Ce soir, l’Enfant couche aux Capucins, dans une petite auberge qui est à l’enseigne de la Croix de la Sainte-Hostie. » C’était vrai, monsieur Petito. Le bonhomme Bidel était bien renseigné. Je l’en félicitai. Nous passâmes alors devant une boutique de coutellerie et j’achetai, sous le regard étonné de Bidel, un petit couteau d’un sou. (Les yeux de Théophraste lancent des éclairs, les paupières de M. Petito battent de terreur.) Le bonhomme Bidel me demanda, dans la rue, ce que je comptais faire avec un petit couteau d’un sou. Je lui répondis : Avec un petit couteau d’un sou (M. Longuet